dimanche 30 octobre 2016

Voyager seule ou pas?

Cela fait quelques temps déjà que je réfléchis à un voyage seule, pour deux raisons principalement:
1- La difficulté à  trouver un ou des compagnons de voyage (pas les mêmes envies de destinations, pas les mêmes disponibilités, pas les mêmes moyens..)
2- L'envie de me "trouver" enfin, en sortant de mes habitudes, de mon cadre de vie routinier...

Puis ce qui m'avait l'air d'être une aventure excitante s'est transformé en doutes: est-ce que c'était une bonne idée?

J'ai donc écumé Internet à la recherche de témoignages de personnes étant passées par là et qui pourraient justement me fournir des éléments de réponse, en me focalisant sur une destination en particulier: l'Australie, qui fait justement l'objet de mes fantasmes depuis que je suis toute petite. J'avais vraiment l'envie cette fois de viser une destination lointaine, quelque peu exotique tout en ayant cette culture un peu occidentale qui me rassure et qui pour moi me garantit des standards de confort et de communication dans lesquels je me retrouverai un peu (ceci non pas pour déroger à la règle "changer d'horizons" mais car j'ai déjà voyagé dans des pays en voie de développement et que c'est un aspect dont j'ai besoin pour m'épanouir car pour le coup, je m'y retrouve tout à fait).

Et après lecture de plusieurs messages dans des forums ou des articles de blogs, quelle déception! Tous les articles n'ont fait que répéter la même chose et n'ont répondu à aucun de mes doutes. Evidemment, des personnes qui n'ont effectivement jamais voyagé seules, et qui ont peur de la solitude (et il y en a !) peuvent légitimement se poser ces questions et moi-même, je me les suis posées, mais je cherchais autre chose que cette vision classique que tout le monde a... Et voici le TOP 2 de ces questions-réponses qui ne m'ont pas du tout aidée mais m'ont même fait sentir comme quelqu'un d'asocial..

1- "Voyager seule et en toute sécurité: c'est possible!" - Interrogation plus que classique qui ne se posait même pas pour moi qui ai épluché la question avant de voyager dans plusieurs endroits du globe, même quand j'étais accompagnée! Et ce n'est pas pour rien que l'idée de voyager seule en Australie m'est venu à l'esprit. Parfois c'est aussi une question de bon sens (ne pas se balader dans des quartiers dangereux la nuit), et de chance/malchance (tomber sur un psychopathe dans un quartier réputé sûr), bref, je considère que dans un pays occidentalisé et tant qu'on se renseigne et qu'on reste vigilant, ça devrait aller (c'est pas comme si en France, on n'était pas déjà éduqué un peu pour ça...)
2- "Voyager seule, ce n'est jamais vrai car on est toujours entouré de gens trop sympas tout le temps" - Alors là, après avoir lu ça dans TOUS les articles trouvé sur le Net, j'avais limite envie de vomir. Non mais faut arrêter, les gars. Pour deux raisons:

1) La première c'est que oui, lorsqu'on est souriant, ouvert, sympa, extraverti, ça doit être facile de rencontrer des gens tout le temps. Pour ma part, je trouve que ce n'est pas toujours évident (pour peu qu'on le veuille évidemment) car on tombe pas toujours sur des gens très bavards (je parle d'expérience..et dans une grande ville, c'est encore plus fréquent!) et aussi de part sa personnalité. Je suis de nature plutôt introvertie et longtemps, j'ai voulu me "forcer" à être plus extravertie, à me montrer plus, à aller plus vers les autres. Mais ce n'était pas moi: eh oui, il y a des gens comme ça, qui ne vont pas du tac-o-tac vers les autres, pas uniquement par timidité mais parce que ce n'est pas dans leur caractère de se comporter comme un ami de longue date avec un inconnu. Après, je dis pas que les introvertis sont asociaux mais ils seront moins expressifs à la première rencontre (peut-être aussi après), et pour certaines personnes, ça les attirera moins. Bref, pas si évident que ça de tisser un lien avec un parfait inconnu, d'autant plus que même s'il se crée, c'est extrêmement frustrant de se dire (ou de constater par la suite) que c'est le temps d'un après-midi voire moins! Pour moi, la richesse des relations réside dans leur profondeur, leur sincérité (pas juste dans leur diversité et multiplicité) mais comment trouver une profondeur dans un contact aussi bref, aussi superficiel quoi qu'on en dise? Bref, j'ai l'impression que les personnes parties seules qui n'hésitent pas à mettre en avant toutes les rencontres qu'elles ont faites sont en partie hypocrites si ce n'était que des rencontres brèves sur le chemin. Pour le reste, c'est sûr que ça fait plaisir d'avoir des gens polis, courtois et gentils mais c'est comme lorsque je vais à la boulangerie et que la boulangère me remercie et me souhaite bonne journée..Not such a big deal.

2) Et si on partait seule pour être seule et pas forcément se retrouver entouré H24? Pourquoi les blogs mettent-elles autant l'accent sur le fait "qu'on n'est finalement pas si seule?" comme s'il fallait bien montrer qu'être accompagné est la seule chose acceptable dans ce monde?? Bon j'exagère mais vous voyez l'idée..

A part une fois plus lutter contre l'idée que "la solitude c'est le mal" (la preuve: à la question "voyager seule, c'est bien?", la réponse était souvent "voyager seule, c'est jamais être seule en fait car on fait de très belles rencontres tout le temps!" bref en gros, que le problème suprême se voyager seul serait juste de se retrouver un peu "sans amis"), ce qui m'intéressait surtout, et qui pour moi est le plus gros problème lorsqu'on se retrouve seul (et je ne mentionnerai pas les problèmes de sécurité, accidents inattendus, etc. qui sont en général imprévisibles..!), c'est l'ENNUI. Je dirais que j'ai la chance d'être quelqu'un qui accepte la solitude et l'apprécie même, tout en appréciant la compagnie d'autrui également, car je sais que beaucoup de personnes ne supportent pas la solitude et le voit comme un mal. Mais entre avoir besoin de ses moments à soi de temps à temps et n'être qu'avec soi-même pendant 3 semaines (c'est la durée que j'avais en tête pour partir on my own), il y a une grosse différence. Et peut-être qu'à ce moment là, savoir qu'on peut rencontrer des compagnons de route sur le chemin peut être une solution (en gros, alterner moments toute seule et moments passés avec des gens) mais pour moi, passer du temps avec des gens que je ne connaîtrais qu'à peine et ne reverrai sans doute jamais, c'est toujours rester seule. Et même si en soi, c'est une  belle opportunité pour être complètement en paix avec moi-même, je ne choisirais pas d'aller à l'autre bout de la Terre et de dépenser des milliers d'euros "juste pour ça" (je pense qu'il y a de très belles destinations plus proches de la France qui le permettent également!). Ce que j'aurais voulu trouver, ça aurait été des témoignages plus "vrais", plus "complets" sur cette partie un peu moins agréable. Car ne nous mentons pas: ces articles, en plus d'avoir un contenu assez similaire, font un peu l'apologie de ces voyages en solo car c'est ce que leurs auteurs ont vécu et ces dernières avaient peut-être envie de répondre au scepticisme de leur entourage. Ok, mais après, quid du quotidien du voyage en solo? Il y a-t-il un moment où elles se sont dit "là je me suis trouvée, enfin", qu'elles ont eu une révélation, mais aussi un moment où elles se sont senties angoissées malgré tous ces "amis" qui les entouraient?

Peut-être que finalement si je décide de me (re)lancer dans cette aventure, je saurais et je vous dirais. Affaire à suivre...